Avez vous déjà entendu dans les médias ces entrepreneurs qui disent qu’ils entreprennent pour créer des emplois? Qu’ils ont créé une entreprise pour créer de l’emploi? Ce qui leur permet de justifier dans le discours les raisons de leur pouvoir dans l’entreprise ou de leur capacité d'accumulation ou le niveau de salaire des grands patrons? Il est vrai que l'emploi est devenu le principal objectif économique des hommes politiques, et en arrivent même a baser leur ré-élection sur ce seul indicateur. L'emploi et la création d'emplois est donc devenu un mandat pour tout gouvernement dans nos sociétés de chômage de masse, mondialisée, qui ne retrouvent pas leur dynamique des Grandes Glorieuses. Ce serait donc aux entrepreneurs, seuls missionnaires autorisés à créer ces emplois, et nous allons voir que ce n'est pas à eux de le faire, et qu'en plus , les emplois ne se créent pas, car comme disait Lavoisier, "Rien ne se créée , rien ne se perd, tout se transforme"
Chaque entrepreneur a ses raisons pour lesquelles il crée son entreprise. Pour être indépendant d’un patron, pour devenir riche, pour avoir un impact sur le monde…mais nous allons voir qu’en aucun cas il s’agit de créer des emplois. L’entrepreneur va cependant avoir besoin de composer autour de lui une équipe qui va lui permettre d’accomplir sa mission et de répondre aux besoins des clients à grande echelle. Mais quoi penser ce ces entrepreneurs qui prétendent créent des entreprises à but lucratif dans le seul but énoncé de créer des emplois?
Les entrepreneurs ne créent pas des entreprises pour embaucher
Bien que certains entrepreneurs se veulent volontaires dans cette démarche, il est assez naif de penser que les entrepreneurs créent des entreprises pour créer des emplois. Pour cela, il suffit de prendre quelques idées.
Par exemple, si un entrepreneur crée une entreprise pour embaucher alors, il ne distribuerait jamais de dividendes ou ne ferait jamais de profit, car il réinvestit tout dans l’embauche de nouveaux salariés.
Si un entrepreneur crée une entreprise pour embaucher alors il n'utilisera jamais de machines, car cela pourrait potentiellement remplacer un emploi qu’un humain aurait pu faire.
Et l’on peut continuer avec le fait qu’il n'embaucherait pas des hauts salaires, car a la place il pourrait embaucher 2 ou 3 petits salaires etc...
Ces entrepreneurs se dédouanent de leur position d’accumulation potentielle de richesse en se justifiant et s’auto-convaincant de l’utilité sociale de leur activité. Bien sur que l’on peut être content d’avoir créé une activité qui permet à des gens de toucher un salaire et de trouver une place dans le marché du travail. Mais ce n’est pas un but, mais bien la conséquence du besoin de l’entrepreneur d’embaucher pour produire à plusieurs ce qu’il n'est pas capable de faire seul.
Les entrepreneurs sont contraint d’embaucher, ce n’est pas un choix
“ Il ne faut pas avoir raison, ni trop tôt, ni trop tard, ni tout seul” disait le député Oudetot. En effet, si l’on pouvait faire de grandes choses tout seul, on resterait tout seul! Franchement qui m'embêterait avec des salariés qu’il faut manager en permanence, gérer les congés, le droit du travail... C’est uniquement quand le besoin se fait sentir que les entrepreneurs sont contraints d’embaucher pour répondre à la demande des clients ou bien pour faire évoluer les produits que les clients attendent sur la marché. Il y a donc un rapport de cause à effet qui vient de la demande. C’est parce que l’on doit faire plus pour répondre aux besoins du marché que l’on embauche, et pas forcément l’inverse. Il se peut que l’on anticipe le marché pour embaucher en avance de phase mais cela reste piloté par la demande du marché, et les entrepreneurs embauchent dans ce sens. Sans salariés, on est limités dans la transformation et la captation de valeur.
Proudhon dans qu'est ce que la propriété prends l’exemple de l'érection de l'obélisque de la place de la Concorde accomplie par 200 ouvriers, fournissant un travail que n'aurait pu accomplir un seul ouvrier en 200 jours. Il avance que le patron a payé 200 fois le salaire d’une journée d’un travailleur, alors que un seul travailleur payé 200 jours de suite n'aurait pas pu accomplir le travail. Selon lui donc, le capitalisme ne paie pas la force immense qui résulte de l'union et de l'harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts.
“Le capitaliste, dit-on, a payé les journées des ouvriers ; pour être exact, il faut dire que le capitaliste a payé autant de fois une journée qu’il a employé d’ouvriers chaque jour, ce qui n’est point du tout la même chose. Car, cette force immense qui résulte de l’union et de l’harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts, il ne l’a point payée. Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé l’obélisque de Louqsor sur sa base ; suppose-t-on qu’un seul homme, en deux cents jours, en serait venu à bout ? Cependant, au compte du capitaliste, la somme des salaires eût été la même. Eh bien, un désert à mettre en culture, une maison à bâtir, une manufacture à exploiter, c’est l’obélisque à soulever, c’est une montagne à changer de place. La plus petite fortune, le plus mince établissement, la mise en train de la plus chétive industrie, exige un concours de travaux et de talents si divers, que le même homme n’y suffirait jamais. Il est étonnant que les économistes ne l’aient pas remarqué. Faisons donc la balance de ce que le capitaliste a reçu et de ce qu’il a payé.”
Les entrepreneurs ne payent pas les salaires, ce sont les clients
Ce sont les clients qui payent les salaires, Peut-être au début les salaires ont été payés avec le capital des investisseurs et de l’entrepreneur en attendant que le modèle d’affaire soit établi, mais quand la société opère à son rythme de croisière, ce sont les clients qui prennent le relais et qui payent les salaires (ce que certains serveurs de café parisiens ont oublié d’ailleurs vu comment ils traitent leurs clients)
En effet, l’entrepreneur ne fait que réallouer les ressources obtenues de ses clients dans s chaîne de production de valeur (comme ils disent). C’est la raison pour laquelle en comptabilité, le compte de résultat annuel qui montre en un document la capacité d’une société à dégager un profit, commence tout en haut part “ Le chiffre d'affaires, ce qui a été facturé au client. à Cet argent est réparti entre ses fournisseurs, ses prestataires, la masse salariale et les différents frais financiers pour trouver le résultat et. En résumé, dans une société qui fait un résultat net positif, ce sont les clients qui ont tout payé! Il y a donc à revoir la soumission au créateur de l’entreprise et au top management sur son habilité à payer les salaires ou non, car tout le monde, même eux (et surtout eux) sont payés par les clients. Mais cela n’est compréhensible que si l’on comprend que les entrepreneurs n’ont pas le pouvoir de créer l’emploi. Ce n’est pas de leur ressort.
Les entrepreneurs ne créent pas l’emploi, ils opèrent de l’emploi
C’est Frédéric Lordon, économiste et chercheur au CNRS le premier qui a énoncé cette idée.
Il s’agit d’un énoncé conceptuel dont la lecture correcte n’est d’ailleurs pas « les entreprises ne créent pas d’emploi » mais « les entreprises ne créent pas l’emploi ». Les entreprises n’ont aucun moyen de créer par elles-mêmes les emplois qu’elles offrent : ces emplois ne résultent que de l’observation du mouvement de leurs commandes dont, évidemment, elles ne sauraient décider elles-mêmes, puisqu’elles leur viennent du dehors — du dehors, c’est-à-dire du bon-vouloir dépensier de leurs clients, ménages ou autres entreprises.
L’emploi qui est l’adéquation entre des compétences, du temps de travail et des besoins de production des entreprises n’est pas créé par les entreprises. Celles-ci ne sont qu’une partie de la solution, et répondent en réaction avec la demande et le fameux carnet de commande. Quand le carnet de commande se remplit, quand le nombre de clients augmente alors j’embauche pour répondre à la croissance , quand il diminue, je licencie, ou je réalloue mes ressources humaines là où la demande est forte.
En ce sens, l’emploi est lié à la croissance économique dont les entreprises font partie, tout autant que l’Etat, les associations et l’économie non marchande (Ce que Bernard Friot dans l’enjeu du salaire explique comme tondre sa pelouse soi-même, faire son ménage soi-même). Sans demande, c'est-à -dire sans clients solvables, les entreprises ne créent pas d’emplois, et la demande solvable vient du fait que les entreprises où les gens travaillent eux mêmes ont un carnet de commandes plein.
Plus que les entrepreneurs et les investisseurs, ce sont en valeur absolue la masse les salariés qui créent la majorité de l’emploi et donc des emplois, en dépensant leur salaire et en consommant ce que d’autres salariés ou indépendants produisent.
Donc, pour toutes ces raisons, les entrepreneurs ne peuvent pas justifier l'accumulation de valeur pour le fait qu'ils créent de l'emploi.
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